riche au village ; monsieur Gravier sut le déterminer à venir ici ; il a bâti une jolie maison, il a secondé mes efforts en y joignant les siens ; il a construit une ferme et défriché des bruyères, il possède aujourd’hui trois chalets dans la montagne. Sa famille est nombreuse. Il a renvoyé l’ancien greffier, l’ancien huissier, et les a remplacés par des hommes beaucoup plus instruits et surtout plus industrieux que leurs prédécesseurs. Ces deux nouveaux ménages ont créé une distillerie de pommes de terre et un lavoir de laines, deux établissements fort utiles que les chefs de ces deux familles conduisent tout en exerçant leurs professions. Après avoir constitué des revenus à la Commune, je les employai sans opposition à bâtir une Mairie dans laquelle je mis une école gratuite et le logement d’un instituteur primaire. J’ai choisi pour remplir cette importante fonction un pauvre prêtre assermenté rejeté par tout le Département, et qui a trouvé parmi nous un asile pour ses vieux jours. La maîtresse d’école est une digne femme ruinée qui ne savait où donner de la tête, et à laquelle nous avons arrangé une petite fortune ; elle vient de fonder un pensionnat de jeunes personnes où les riches fermiers des environs commencent à envoyer leurs filles. Monsieur, si j’ai eu le droit de vous raconter jusqu’ici l’histoire de ce petit coin de terre en mon nom, il est un moment où monsieur Janvier, le nouveau curé, vrai Fénelon réduit aux proportions d’une Cure, a été pour moitié dans cette œuvre de régénération ; il a su donner aux mœurs du bourg un esprit doux et fraternel qui semble faire de la population une seule famille. Monsieur Dufau, le juge de paix, quoique venu plus tard, mérite également la reconnaissance des habitants. Pour vous résumer notre situation par des chiffres plus significatifs que mes discours, la Commune possède aujourd’hui deux cents arpents de bois et cent soixante arpents de prairies. Sans recourir à des centimes additionnels, elle donne cent écus de traitement supplémentaire au curé, deux cents francs au garde champêtre, autant au maître et à la maîtresse d’école ; elle a cinq cents francs pour ses chemins, autant pour les réparations de la mairie, du presbytère, de l’église, et pour quelques autres frais. Dans quinze ans d’ici, elle aura pour cent mille francs de bois à abattre, et pourra payer ses contributions sans qu’il en coûte un denier aux habitants ; elle sera certes l’une des plus riches Communes de France. Mais, monsieur, je
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