d’une horloge. Par économie, toutes les toitures avaient été faites en tuiles à gouttière, poids énorme que portent facilement les charpentes prises dans la forêt. Avant de mourir, Graslin avait projeté la route qui venait d’être achevée par reconnaissance ; car cette entreprise, que Graslin appelait sa folie, avait jeté cinq cent mille francs dans la Commune. Aussi Montégnac s’était-il considérablement agrandi. Derrière les communs, sur le penchant de la colline qui, vers le nord, s’adoucit en finissant dans la plaine, Graslin avait commencé les bâtiments d’une ferme immense qui accusaient l’intention de tirer parti des terres incultes de la plaine. Six garçons jardiniers, logés dans les communs, et aux ordres d’un concierge jardinier en chef, continuaient en ce moment les plantations, et achevaient les travaux que monsieur Bonnet avait jugés indispensables. Le rez-de-chaussée de ce château, destiné tout entier à la réception, avait été meublé avec somptuosité. Le premier étage se trouvait assez nu, la mort de monsieur Graslin ayant fait suspendre les envois du mobilier.
— Ah ! monseigneur, dit madame Graslin à l’évêque après avoir fait le tour du château, moi qui comptais habiter une chaumière, le pauvre monsieur Graslin a fait des folies.
— Et vous, dit l’évêque, vous allez faire des actes de charité ? ajouta-t-il après une pause en remarquant le frisson que son mot causait à madame Graslin.
Elle prit le bras de sa mère, qui tenait Francis par la main, et alla seule jusqu’à la longue terrasse au bas de laquelle est située l’église, le presbytère, et d’où les maisons du bourg se voient par étages. Le curé s’empara de monseigneur Dutheil pour lui montrer les différentes faces de ce paysage. Mais les deux prêtres aperçurent bientôt à l’autre bout de la terrasse Véronique et sa mère immobiles comme des statues : la vieille avait son mouchoir à la main et s’essuyait les yeux, la fille avait les mains étendues au-dessus de la balustrade, et semblait indiquer l’église au-dessous.
— Qu’avez-vous, madame ? dit le curé à la vieille Sauviat.
— Rien, répondit madame Graslin qui se retourna et fit quelques pas au-devant des deux prêtres. Je ne savais pas que le cimetière dût être sous mes yeux.
— Vous pouvez le faire mettre ailleurs, la loi est pour vous.
— La loi ! dit-elle en laissant échapper ce mot comme un cri.
Là, l’évêque regarda encore Véronique. Fatiguée du regard noir