Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 14.djvu/430

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ce sera un procès déshonorant que M. Conyncks ne peut se dispenser d’intenter, la loi l’exige. Voilà le fruit de votre entêtement. Reconnaissez-vous maintenant combien j’étais prudent, combien j’étais dévoué à vos intérêts ?

— Je vous apporte une bonne nouvelle, mademoiselle, dit le jeune de Solis de sa voix douce, Gabriel est reçu à l’École polytechnique. Les difficultés qui s’étaient élevées pour son admission sont aplanies. » Marguerite remercia son ami par un sourire, et dit : « Mes économies auront une destination !

Martha, nous nous occuperons dès demain du trousseau de Gabriel. Ma pauvre Félicie, nous allons bien travailler, dit-elle en baisant sa sœur au front.

— Demain, vous l’aurez ici pour dix jours, il doit être à Paris le quinze novembre.

— Mon cousin Gabriel prend un bon parti, dit le notaire en toisant le proviseur, il aura besoin de se faire une fortune. Mais, ma chère cousine, il s’agit de sauver l’honneur de la famille ; voudrez-vous cette fois m’écouter ?

— Non, dit-elle, s’il s’agit encore de mariage.

— Mais qu’allez-vous faire ?

— Moi, mon cousin ? rien.

— Cependant vous êtes majeure.

une ligne autre que celle du tuteur pour représenter les intérêts du pupille et pour surveiller la gestion du tuteur ; M. Conyncks est donc parent du côté maternel, mais Claës parle pourtant souvent de leur ancêtre commun, le martyr gantois… De plus, Conyncks, devenu belge, on l’a vu, liquide sa fortune à Amsterdam, puis (ci infra) va aller s’établir en France : étrange parcours.

— Dans quelques jours. Avez-vous, dit Marguerite un parti à me proposer qui puisse concilier nos intérêts et ce que nous devons à notre père, à l’honneur de la famille ?

— Cousine, nous ne pouvons rien sans votre oncle. Cela posé, je reviendrai quand il sera de retour.

— Adieu, monsieur, dit Marguerite. » « Plus elle devient pauvre, plus elle fait la bégueule », pensa le notaire. « Adieu, mademoiselle, reprit Pierquin à haute voix. Monsieur le proviseur, je vous salue parfaitement. » Et il s’en alla, sans faire attention ni à Félicie ni à Martha.

« Depuis deux jours, j’étudie le code, et j’ai consulté un vieil avocat, ami de mon oncle, dit Emmanuel d’une voix tremblante. Je partirai, si vous m’y autorisez, demain, pour Amsterdam.

Écoutez, chère Marguerite… » Il disait ce mot pour la première fois, elle l’en remercia par un regard mouillé, par un sourire et une inclination de tête. Il s’arrêta, montra Félicie et Martha.