Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 15.djvu/567

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tions, telles que des Gouvernements, l’épée de connétable, la Grande-Maîtrise de l’artillerie, le bâton de Maréchal, la Colonelle-générale de quelque corps militaire, la Grande-Amirauté, la Capitainerie des Galères, ou souvent une charge de cour comme celle de Grand-Maître de la maison qu’avait alors le duc de Guise.

— Croyez-vous que le duc de Nemours épouse Françoise ? demanda madame de Guise au précepteur du duc d’Orléans.

— Ah ! madame, répondit-il, je ne sais que le latin.

Cette réponse fit sourire ceux qui furent à portée d’entendre. En ce moment, la séduction de Françoise de Rohan par le duc de Nemours était le sujet de toutes les conversations ; mais, comme le duc de Nemours était cousin de François II, et doublement allié de la maison de Valois par sa mère, les Guise le regardaient plutôt comme séduit que comme séducteur. Néanmoins le crédit de la maison de Rohan fut tel, qu’après le règne de François II, le duc de Nemours fut obligé de quitter la France, à cause du procès que lui firent les Rohan, et que le crédit des Guise arrangea. Son mariage avec la duchesse de Guise, après l’assassinat de Poltrot, peut expliquer la question que la duchesse avait adressée à Amyot, en révélant la rivalité qui devait exister entre mademoiselle de Rohan et la duchesse.

— Mais voyez un peu le groupe des mécontents, là-bas, dit le comte de Grammont en montrant messieurs de Coligny, le cardinal de Châtillon, Danville, Thoré, Moret et plusieurs seigneurs soupçonnés de tremper dans la Réformation qui se tenaient tous entre deux croisées, du côté de l’autre cheminée.

— Les Huguenots se remuent, dit Cypierre. Nous savons que Théodore de Bèze est à Nérac pour obtenir de la reine de Navarre qu’elle se déclare pour les Réformés en abjurant publiquement, ajouta-t-il en regardant le bailli d’Orléans qui était aussi chancelier de la reine de Navarre et qui observait la cour.

— Elle le fera ! répondit sèchement le bailli d’Orléans.

Ce personnage, le Jacques Cœur orléanais, un des plus riches bourgeois de ce temps, se nommait Groslot et faisait les affaires de Jeanne d’Albret à la cour de France.

— Vous le croyez ? dit le chancelier de France au chancelier de Navarre en appréciant la portée de l’affirmation de Groslot.

— Ne savez-vous pas, dit le riche Orléanais, que cette reine n’a de la femme que le sexe ? Elle est entière aux choses viriles, elle a