Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/603

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DERNIERS AXIOMES.


XCIII.

Ce n’est pas se venger que de surprendre sa femme et son amant et de les tuer dans les bras l’un de l’autre ; c’est le plus immense service qu’on puisse leur rendre.


XCIV.

Jamais un mari ne sera si bien vengé que par l’amant de sa femme.

MÉDITATION XXVIII.

DES COMPENSATIONS.

La catastrophe conjugale, qu’un certain nombre de maris ne saurait éviter, amène presque toujours une péripétie. Alors, autour de vous tout se calme. Votre résignation, si vous vous résignez, a le pouvoir de réveiller de puissants remords dans l’âme de votre femme et de son amant ; car leur bonheur même les instruit de toute l’étendue de la lésion qu’ils vous causent. Vous êtes en tiers, sans vous en douter, dans tous leurs plaisirs. Le principe de bienfaisance et de bonté qui gît au fond du cœur humain n’est pas aussi facilement étouffé qu’on le pense ; aussi les deux âmes qui vous tourmentent sont-elles précisément celles qui vous veulent le plus de bien.

Dans ces causeries si suaves de familiarités qui servent de liens aux plaisirs et qui sont, en quelque sorte, les caresses de nos pensées, souvent votre femme dit à votre Sosie : — Eh ! bien, je t’assure, Auguste, que maintenant je voudrais bien savoir mon pauvre mari heureux ; car, au fond, il est bon : s’il n’était pas mon mari, et qu’il ne fût que mon frère, il y a beaucoup de choses que je ferais pour lui plaire ! Il m’aime, et — son amitié me gêne.

— Oui, c’est un brave homme !…

Vous devenez alors l’objet du respect de ce célibataire, qui voudrait vous donner tous les dédommagements possible