Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/230

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sera, à vrai dire, en premières noces ; et quel est l’heureux vainqueur ?

— Monsieur de Sallenauve, que j’ai l’honneur de vous présenter.

— Monsieur, dit le docteur à Sallenauve, je n’avais pas l’honneur de vous connaître, mais je suis heureux de me rencontrer avec un homme qui donnait à mon vieil ami Rastignac de si bonnes étrivières. Je regrette seulement que vous ayez trop tôt quitté la partie, vous en auriez peut-être fait un ministre honnête ; et comme, du reste, c’est un homme charmant, et que, sa politique à part, j’aime de tout mon cœur, sous votre férule éloquente il serait arrivé à une vraie perfection.

— Vous-même, monsieur, répondit Sallenauve, comment n’avez-vous pas eu l’idée de vous charger de cette éducation ? L’ambition parlementaire est devenue très à la mode chez messieurs vos confrères, mais eux, ce n’est pas le génie, dans l’acception la plus élevée du mot, qu’ils feraient entrer à la Chambre.

— Je me sauve, chère madame, dit Bianchon, au fond très sensible à la forme délicate du brevet de grand homme qui lui était décerné ; monsieur votre mari a une manière de dire des énormités, qui les ferait presque prendre pour argent comptant. Ma pudeur ne me permet pas d’en entendre davantage.

Et on n’eut pas le temps de le reconduire, tant il sortit rapidement.


VIII

DIEU DISPOSE


Madame de Rastignac reçut avec bonheur la nouvelle du consentement donné par Naïs à la recherche du jeune de Restaud ; elle parut également approuver le choix que madame de l’Estorade avait fait de Sallenauve. Il était donc à croire que, dans la soirée, on la verrait, accom-