Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/292

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Ursulines fut ouverte aux nombreux visiteurs venant admirer la belle œuvre d’art que l’amour filial avait inspirée à l’ex-député.

Un jour, sortant de chez la mère Marie-des-Anges, qui, aussi bien que l’oncle Laurent Goussard, vivait toujours, Sallenauve, dont les journaux avaient prématurément annoncé le départ pour Rome, eut l’idée d’entrer dans la chapelle du couvent afin d’y faire une prière.

Le jour tombait, et à la lueur d’une lampe incessamment allumée devant la statue de sainte Ursule, il remarqua deux femmes agenouillées sur le bord de la grille qui entourait le tombeau de sa mère.

Quand les deux femmes, enveloppées de manteaux qui laissaient difficilement deviner leur tournure, eurent achevé leur pieuse station, elles se retournèrent pour sortir ; à ce moment, Sallenauve reconnut Naïs et madame de l’Estorade.

En voyant le visage de la jeune fille tout baigné de larmes, le sculpteur fut ému comme jamais il ne l’avait été de sa vie. Se servant alors, mais dans des vues plus directes et plus honnêtes, de la formule affectionnée par le comte Maxime de Trailles :

— Madame la comtesse, dit Sallenauve en s’avançant, j’ai l’honneur de vous demander la main de mademoiselle votre fille.

Le jour même où le mariage de Naïs était célébré à Saint-Thomas-d’Aquin, la Gazette des Tribunaux, à la suite de scandaleux plaidoyers par lesquels le dernier coup était porté au crédit financier et à la considération de la famille Beauvisage, insérait un jugement qui prononçait contre le comte Maxime de Trailles, la séparation de corps demandée par sa femme, pour excès, sévices et injures graves.


FIN.

IMPRIMERIE DE CHOISY-LE-ROI