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Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/91

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DEUXIÈME PARTIE



I

LA DERNIÈRE INCARNATION DE VAUTRIN


Trois quarts d’heure après avoir quitté le cabinet du ministre, Sallenauve arrivait au chalet et, malgré l’heure avancée de la nuit, poussant droit à la chambre de Bricheteau, qu’il éveilla sans prendre le souci d’aucun ménagement :

— Je sais tout, mon ami, lui dit-il sans aucun autre préambule.

— Comment ! s’écria Bricheteau, vous savez par qui le vol a été commis ?

— Non. Je sais tout votre dévoûment pour le fils de Catherine Goussard et du glorieux M. de Saint-Estève.

Il raconta ensuite toute son entrevue avec Rastignac ; et, comme Bricheteau se reprochait avec amertume son imprudence :

— Vous n’avez rien à vous reprocher, répondit Sallenauve ; il n’était pas possible que, d’une façon ou d’une autre, il ne finît point par se faire une fissure à un ballon à ce point gonflé. Votre vraie faute, c’est d’avoir pu vous faire l’illusion que vous parviendriez à dévider cet écheveau si étrangement emmêlé.

— Les papiers aux mains de Rastignac, et le vol commis par des voleurs ordinaires ! Cela me passe, répondit Jacques Bricheteau ; tenez, ajouta-t-il en se levant de son lit et en passant rapidement une robe de chambre, voilà