Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/66

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que Céleste était susceptible d’attachement. Une de ses beautés était une magnifique chevelure cendrée, fine ; mais les mains, les pieds avaient une origine bourgeoise. Céleste se recommandait par ses vertus précieuses, elle était bonne, simple, sans fiel, elle aimait son père et sa mère, elle se serait sacrifiée pour eux. Elevée dans une admiration profonde de son parrain, et par Brigitte qui s’était fait appeler par elle tante Brigitte, et par madame Thuillier, et par sa mère qui se rapprocha de plus en plus du vieux beau de l’Empire, Céleste avait la plus haute idée de l’ex-sous-chef. Le pavillon de la rue Saint-Dominique produisait sur elle l’effet du château des Tuileries sur un courtisan de la jeune dynastie. Thuillier n’avait pas résisté à l’action de laminoir que produit la filière administrative où l’on s’amincit en raison de son étendue. Usé par le fastidieux travail, autant que ses succès avaient usé l’homme, l’ex-sous-chef avait perdu toutes ses facultés en venant rue Saint-Dominique ; mais sa figure fatiguée, où régnait un air rogue, mélangé d’un certain contentement qui ressemblait à la fatuité