Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/71

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n’avaient pas encore été flétries par la publicité. Minard acheta du thé, y mêla moitié de thé qui avait servi et séché de nouveau ; puis il pratiqua sur les éléments du chocolat des altérations qui lui permirent de le vendre à bon marché. Ce commerce de denrées coloniales, commencé dans le quartier Saint-Marcel, fit de Minard un négociant ; il eut une usine, et par suite de ses relations, il put aller aux sources des matières premières ; il fit honorablement et en grand le commerce qu’il avait d’abord fait avec indélicatesse, il devint distillateur ; il opéra sur d’énormes quantités de denrées ; il passait en 1835 pour le plus riche négociant du quartier Maubert, il avait acheté l’une des plus belles maisons de la rue des Maçons-Sorbonne ; il avait été adjoint ; il était, en 1839 maire d’un arrondissement et juge au tribunal de commerce ; il avait voiture, une terre auprès de Lagny ; sa femme portait des diamants aux bals de la Cour, et il s’enorgueillissait d’une rosette d’officier de la Légion d’honneur à sa boutonnière. Minard et sa femme étaient d’ailleurs d’une excessive bienfaisance. Peut-être voulaient-ils rendre en détail aux pauvres ce qu’ils avaient