Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/143

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furent les deux sentiments qui lui restèrent ; mais il régla le second et s’adonna tout entier au premier, sans négliger son bien-être. Il buvait le soir, après dîner, l’Église fermée ; il s’endormit pendant vingt ans dans les bras de l’ivresse, sa dernière maîtresse. Le matin, au jour, il était à son poste avec tous ses moyens. Du matin à l’heure de son dîner, qu’il allait faire chez le fameux père Lathuile, illustré par Charlet, il rongeait des croûtes de pain pour toute nourriture, et il les rongeait en artiste, avec une résignation qui lui valait d’abondantes aumônes. Le suisse, le donneur d’eau bénite, avec lesquels il s’entendait peut-être, disaient de lui :

— C’est le pauvre de l’Église, il a connu le curé Languet, qui a bâti Saint-Sulpice, il a été vingt ans suisse, avant et après la révolution. Il a cent ans.

Cette petite biographie connue des dévotes était la meilleure de toutes les enseignes, et aucun chapeau ne fut mieux achalandé

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dans tout Paris. Il avait acheté la maison en 1826, et sa rente en 1830. D’après la valeur des deux biens, il devait faire six mille francs de recettes par an, et les