Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/28

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vers trois heures du matin en été, vers cinq heures en hiver ; l’heure de la grande halle, où se rendaient beaucoup de ses clients ou clientes, déterminait celle de son affreux commerce. Aussi le sieur Cadenet, en considération de cette clientèle entièrement due à Cérizet, ne lui louait-il les deux pièces que quatre-vingts francs par an, et souscrivit-il un bail de douze ans que Cérizet seul avait le droit de rompre, sans indemnité, de trois mois en trois mois. Cadenet apportait tous les jours lui-même, une bonne et excellente bouteille de vin pour le dîner de son précieux locataire, et quand Cérizet était à sec, il n’avait qu’à dire à son ami : « Cadenet, prête-moi donc cent écus » pour les avoir ;

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mais il les lui rendait toujours fidèlement. Cadenet eut, dit-on, la preuve que la veuve Poiret avait confié deux mille francs à Cérizet, ce qui pourrait expliquer la progression de ses affaires depuis le jour où il s’était établi dans le quartier avec un dernier billet de mille francs, et la protection de Dutocq. Cadenet, animé d’une cupidité que le succès accroissait, avait proposé, depuis le commencement de l’année, une vingtaine de mille francs