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consiste à ne pas se dénoncer, à partager

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loyalement, à courir les mêmes dangers. Eh ! bien, cette dernière probité, qui peut-être est un calcul, une nécessité, dont la pratique offre encore des chances de grandeur à l’homme et de retour au bien, régnait absolument entre Cérizet et ses pratiques. Jamais Cérizet ne commettait d’erreurs, ni ses pauvres non plus : on ne se niait rien réciproquement, ni capital, ni intérêts. Plusieurs fois Cérizet, qui d’ailleurs sortait du peuple, avait rectifié d’une semaine sur l’autre une erreur involontaire au profit d’une malheureuse famille qui ne s’en était pas aperçue ! Aussi passait-il pour un chien, mais un chien honnête ; sa parole, au milieu de cette cité dolente, était sacrée. Une femme mourut, lui emportant trente francs. — Voilà mes profits ! dit-il à son assemblée, et vous hurlez après moi. Cependant je ne tourmenterai pas des mioches !… Et Cadenet leur a porté du pain et de la piquette.

Depuis ce trait, habile calcul d’ailleurs, on disait de lui dans les deux faubourgs :

— Ce n’est pas un méchant homme !…

Le prêt à la petite semaine, entendu comme l’entendait Cérizet, n’est pas, toute proportion