Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/77

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espérait traiter à cinquante pour cent le rachat de ses titres avec Cérizet. Malheureusement, cette infâme spéculation n’est pas un fait exceptionnel ; elle a lieu trop souvent dans Paris sous des formes plus ou moins aiguës pour que l’historien la néglige dans une peinture exacte et complète de la société. Dutocq, libertin fieffé, devait encore vingt mille francs sur sa charge, et dans l’espérance du succès, il espérait, en termes familiers, allonger la

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courroie jusqu’à la fin de l’année 1840. Jusqu’alors, aucun de ces trois personnages n’avait bronché ni rugi. Chacun sentait sa force et connaissait le danger. Egale était la défiance, égale l’observation, égale l’apparente confiance, également sombres le silence ou le regard, quand de mutuels soupçons fleurissaient à la surface des joues ou dans le discours. Depuis deux mois surtout, la position de Théodose acquérait une force de fort détaché. Dutocq et Cérizet tenaient sous leur esquif un amas de poudre, et la mèche était sans cesse allumée ; mais le vent pouvait souffler dessus, et le diable pouvait noyer la poudrière. Le moment où les animaux féroces vont prendre leur pâture a toujours paru le plus