Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/78

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critique, et ce moment arrivait pour ces trois tigres affamés. Cérizet disait parfois à Théodose, par ce regard révolutionnaire que deux fois en ce siècle les souverains ont connu :

— Je t’ai fait roi, et je ne suis rien. C’est n’être rien que de n’être pas tout.

Une réaction d’envie allait son train d’avalanche en Cérizet. Dutocq se trouvait à la merci de son expéditionnaire enrichi. Théodose eût voulu brûler ses deux commanditaires et leurs papiers dans deux incendies. Tous trois s’étudiaient trop à cacher leur pensée pour ne pas les deviner. Théodose avait une vie de trois enfers, en pensant au dessous de cartes, à son jeu et à son avenir ! Son mot à Thuillier fut un cri de désespoir ; il jeta la sonde dans les eaux du bourgeois, et n’y trouva que vingt-cinq mille francs.

— Et, se dit-il, revenu chez lui, peut-être rien, dans un mois.

Il prit les Thuillier en une haine profonde. Mais il tenait Thuillier par un harpon entré jusqu’au fond de l’amour-propre avec l’ouvrage intitulé : De l’impôt et de l’amortissement, où il avait coordonné les idées publiées par le Globe saint-simonien, en les colorant d’un