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pensées, sujets, fragmens

Bonaparte régna pour avoir réellement tiré sur le peuple, tandis que Louis XVI fut mis à mort pour le seul soupçon de lavoir fait. Charles X est tombé pour avoir essayé de museler le peuple et Louis-Philippe qui règne, accomplit la pensée de Charles X. Le nouveau pouvoir fait un moyen de ce qui a été un obstacle pour le précédent. La condition de l’usurpateur est de se moquer de la Révolution qu’il confisque à son profit[1].

Les religions païennes déifiaient la terre et la mettaient dans le ciel, le catholicisme a fait dominer le ciel sur la terre.

L’insurrection, qui fut le plus saint des devoirs pour le duc d’Orléans, est devenue le plus horrible des crimes contre le roi des Français. Un trône placé entre ces deux choses est impossible.

Ce qui rend le peuple si dangereux, c’est qu’il a toujours son absolution dans sa poche pour tous ses crimes[2].

  1. La cousine Bette (1846), X, 73 : « Bonaparte est devenu l’Empereur pour avoir mitraillé le peuple, à deux pas de l’endroit où Louis XVI a perdu la monarchie et la tête pour n’avoir pas laissé verser le sang d’un M. Sauce… »
  2. La Muse du département (1843-44), VI, 423. Pensée inscrite sur l’album de Mme de la Baudraye sous la signature J.-B. de Clagny et avec cette variante : C’est qu’il a pour tous ses crimes une absolution dans ses poches.