Page:Balzac - Pensées, sujets, fragments, éd. Crépet, 1910.djvu/13

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PRÉFACE



On sait quel sort bizarre et navrant subirent, en 1882, les papiers de Balzac.

À peine sa veuve était-elle morte, une saisie générale était opérée au petit pavillon de la rue Fortunée, où Balzac avait amené sa femme en arrivant de Wierszchownia, et qu’elle n’avait point quitté depuis ; et les déménageurs de l’hôtel Drouot suivaient de près la horde des huissiers. Ce fut alors une scène de sacrilège barbarie, sans pareille dans les annales des lettres contemporaines. Cinq ou six grandes caisses clouées avaient été mises à part, dans un petit salon respecté par les hommes de loi. Elles renfermaient les papiers de Balzac, des manuscrits autographes, des notes volantes, des cahiers. Les déménageurs s en emparèrent ; Ionique valet préposé à la garde du mobilier ne put rien empêcher. Les caisses furent bousculées, défoncées, éventrées : leur contenu joncha bientôt le parquet. Le public, attiré par le scandale de cette ruine princière et par le grand nom de Balzac, y choisit à son gré : bientôt le désordre dégénéra en pillage. Vainement le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul. accouru, tenta de s’interposer. Il obtint seulement le retour de deux des caisses emportées à l’hôtel Drouot ; encore en revinrent-elles à moitié vides… On était allé avertir l’heri-