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pensées, sujets, fragmens
[L’ange domestique[1]]

De charmes orgueilleux je ne suis point parée,
Je n’ai pas d’une vierge aux prunelles d’azur
La délicate joue et la tresse dorée,
Ni le front blanc et pur.

Jamais je n’ai conquis de louange indiscrète
Et celui qui sur moi fixe un distrait regard
Jamais pour me revoir ne détourne la tête,
Rendant grâce au hasard.

Quand même ces cheveux dont tant de fois les tresses
Ont senti de tes doigts les rêveuses caresses
Seront devenus blancs sous un pesant linceul,
Que ma mémoire alors fasse encor ton orgueil,
Que je vive en ton cœur et te sois toujours chère.

  1. La Vendée (journal de Fontenay-le-Comte) du 23 décembre 1881, a publié, sous la signature de de Balzac et le titre de L’Ange domestique, un sonnet dont les huit premiers vers sont identiques aux huit premiers de cette pièce-ci. En revanche, les six derniers sont entièrement différents des cinq qui terminent notre texte :

    Mais au logis on m’aime et je suis assurée
    De faire une âme heureuse et la nuit et le jour,

    Et de plaire à toute heure, et d’être bien pleurée,



    Si, quittant ce séjour,
    J’allais au ciel d’où je fus envoyée,
    Pour offrir ici-bas le type de l’amour.

    Balzac mentionne, le 10 février 1838, une pièce de vers qu’il envoie à l’Étrangère. Il est possible que ce soit celle-ci.