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Page:Balzac - Pensées, sujets, fragments, éd. Crépet, 1910.djvu/21

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dont il est superflu de signaler l’importance et qui n’est pas, je l’avoue, sans m’avoir longtemps et fort embarrassé

On ne remplit pas un cahier de notes comme on rédige un manuscrit ordinaire. On l’ouvre au petit bonheur, sur un coin de table, entre une lecture et l’ouvrage en cours, et, hâtivement, on griffonne quelque chose au hasard des blancs restés. Balzac, dont l’existence était effroyablement encombrée, n’a point manqué à la règle commune. Notre album n’accuse pas un moindre désordre en la distribution de ses matières qu’en son aspect graphique. Ainsi un mémorandum daté « 1830 » s’y présente bien après les plans de la Peau de Chagrin et des Deux rencontres, qui sont de 1830-31, et même après une allusion à la Chartreuse de Parme, parue en 1840 ; un programme pour 1836 s’y trouve encadré entre un programme pour 1842 et un autre pour 1847. Et, si les millésimes y figurent en assez grand nombre, il est le plus souvent impossible, sur simple lecture du moins et avec quelque soin qu’on examine le texte, de déterminer la limite des fragments qui se rapportent à chacun d’eux.

A ces premières causes de confusion inhérentes, elles, au manuscrit, ajoutez celles qui tenaient à la personne de l’auteur, à sa prodigieuse fécondité, à sa conscience, à ses habituelles négligences aussi. Entre tous les romanciers français, Balzac est assurément celui qui remania le plus souvent ses œuvres. On sait les exemples fameux de Pierrette, dont furent tirées treize épreuves, de César Birotteau, qui en nécessita dix-sept. On n’ignore pas non plus que d’autres romans, tels la Femme de trente ans ou Sur Catherine de Médicis, sont restés jusqu’à dix et quinze ans en préparation, et le bibliophile Jacob a rapporté que vers 1840 Balzac