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pensées, sujets, fragmens

Le pays qui gagne des batailles doit savoir les chanter[1].

Si une femme qui n’est plus trompée à une lettre d’amour est un monstre,

il y a des gens qui font des efforts infinis pour détacher de l’arbre une orange pourrie.

Chez une jolie femme, la coquetterie est de la conscience.

La misanthropie est presque toujours une grande vanité cachée sous une peau de hérisson[2].

Il y a des gens qui, en amour, s’essayent avec des femmes qu’ils n’obtiendront pas, comme des apprentis bretteurs qui tirent au mur pour savoir se battre.

Que de fois le courage consiste à s’abandonner au courant sans lutter. Souvent encore, le courage est de l’amour-propre, souvent un calcul. Il n’y a qu’un courage prisable, c’est le courage de l’homme qui n’est pas vu et qui se sacrifie.

  1. Modeste Mignon (1844), I, 516 : « Un pays qui sait gagner de telles batailles doit savoir les chanter. »
  2. Le Médecin de campagne (1832-33), XIII, 631 : « La misanthropie, espèce de vanité cachée sous une peau de hérisson. »