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pensées, sujets, fragmens

Un grand crime, c’est quelquefois un poème[1].

Quand nous ne pouvons pas vivre dans le présent, c’est folie que de regarder au passé. Il faut faire jouer des ombres chinoises sur une toile éclairée par l’avenir. — C’est le secret de beaucoup de résignations. Rien n’est plus triste que de tomber dans une vie d’analyse, qui tue toutes les illusions parce qu’on juge ou on pèse tout.

Quelle pitié de voir l’opium, agent matériel, dominer ou déterminer le jeu d'une âme censée immatérielle[2] !

Que dans un salon de vingt pieds de long sur quinze de large une créature humaine fasse de l’impertinence et penche la tête, dans une ville d’un million d’habitants où il y a le Panthéon ! Pitié — ou rire.

Un homme devient bien fort en avouant sa faiblesse.

  1. La peau de chagrin, 135 : « Ah ! quelquefois un crime doit être tout un poème, je l’ai compris. »
  2. Ibidem, 236. « Grâce à la puissance matérielle exercée par l’opium sur notre âme immatérielle… »