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pensées, sujets, fragmens

Tu fais quelque chose, tu n’arriveras à rien. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui arrivent. Ils sont à l’affût de tout et passent leur vie à la chasse aux places, aux affaires[1].

Il faut avoir été longtemps dans la solitude pour en connaître tout le prix.

Il y a plus d’un abîme que l’amour ne saurait franchir, quelque puissantes et fortes que soient ses ailes[2].

L’amour que nous inspirons nous donne une sorte de religion pour nous-mêmes, une dose de fierté. Nous sentons la vie d’un autre en nous. — Il y a des êtres qui se respectent cependant sans raison. Entre ne pas se respecter et se respecter trop, il y a tout un abîme[3].

Improviser, c’est lire un beau livre dans son esprit.

  1. La peau de chagrin, XV, 88 : « Toi, tu travailles. Eh bien ! tu ne feras jamais rien », etc.
  2. Ibid., 200 : « Ah ! Pauline, s’écria-t-il, pauvre enfant ! il y a des abîmes que l’amour ne saurait franchir, malgré la force de ses ailes. »
  3. Ibid., 108 : « L’amour nous donne une sorte de religion pour nous-mêmes, nous respectons en nous une autre vie, il devient alors le plus horrible des malheurs, le malheur avec une espérance, une espérance qui vous fait accepter des tortures. »