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pensées, sujets, fragmens

gueil est la foi en soi. La piété est un calcul d’enfant qui se tient sage pour avoir des confitures (ou peut-être un calcul d’avare qui se refuse tout, car pour lui se priver c’est jouir)[1].

La foi en autrui, la terreur est une foi en la douleur.

La sagesse est une spéculation d’existence, une foi en la vie. Tout au monde est croyance.

Le Dieu du Christianisme n’a jamais été peint que vieillard. Pour les uns c’est une ganache, pour les autres un père.

Il n’y a pas une religion qui ne se ressemble et ne produise les mêmes effets, la même somme de mal et la même somme de bien, et ceci est vrai des gouvernements et des institutions partielles.

Pascal a écrit : « Sans Jésus-Christ le monde ne

  1. Histoire des Treize VIII, 174 : « Oui, poursuivit Montriveau d’une voix altérée, votre foi catholique à laquelle vous voulez me convertir, est un mensonge que les hommes se font, l’espérance est un mensonge appuyé sur l’avenir, l’orgueil est un mensonge de nous à nous », etc. — Le curé de village, 185 : « Je regarde la foi comme un mensonge qu’on se fait à soi-même, l’espérance comme un mensonge qu’on se fait sur l’avenir, et votre charité comme une ruse d’enfant qui se tient sage pour avoir des confitures. »