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pensées, sujets, fragmens

subsisterait pas. » Je voudrais bien que la figure de l’Amérique comparût à ses yeux. Heureux peuple, jusqu’au xve siècle, dépeuplée, suppliciée pendant trois cents ans. J’aurais voulu que le monde mahométan, que la Chine lui apparussent et que l’Asie lui tirât les oreilles.

La guerre est un duel de peuple à peuple, il maintient le droit entre les nations comme le duel entretient la politesse entre hommes.

La gloire est le soleil des morts[1].

Si les masses se multiplient par celle de toutes les intelligences qui les composent, elles se multiplient également par leur ignorance, en sorte que tout est possible avec elles, les niaiseries et les belles choses, c’est selon.

La loi ne doit pas être le vœu de la société, car elle doit être opposée aux mœurs pour leur servir de barrière ou de contrepoids. La loi procède d’une intelligence plus élevée que le milieu de la société où est le plus grand nombre, elle ne peut jamais être l’ouvrage de tous[2].

  1. La recherche de l’Absolu (1834), XV, 567.
  2. Le médecin de campagne, 568, XIII : « Souvent la tendance des lois doit être en raison inverse de la tendance des mœurs », etc.