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Tel est des biens de Job le fidèle inventaire,
Que l’Esprit-Saint a fait aussi bien qu’un notaire.
Si, par un grand malheur, l’Écriture a perdu
La carte du village où ce monde a vécu,
Toujours est-il que Job fut grand propriétaire
Admis dans les congrès chez les Orientaux,
Et de son double vote ôtant les libéraux.
Aussi, tous ses enfants, plongés dans la liesse,
L’un chez l’autre invités et couronnés de fleurs,
En fêtes, en festins, consumaient leur jeunesse,
Et, pour plus grand plaisir, à leurs trois jeunes sœur
Envoyaient les landaus qui roulaient en Judée ;
De leurs petits soupers l’ivresse était guidée
Par ces tendres beautés qui buvaient des liqueurs,
Et d’entremets friands savouraient les douceurs.
Quand le cercle trop court de ces belles journées,
Séparait par sa fin leurs troupes étonnées,
Soudain de ces repas Job narguant les effets,
Pour les purifier détachait ses valets ;
Et du lit conjugal se levant dès l’aurore,
Au nom de ses enfants qui sommeillaient encore,
D’un pieux holocauste il présentait l’encens ;
Car du sieur Azaïs Job ayant tout le sens,
Des compensations connaissait le système.

Et voici comme au texte il se parle à lui-même :
 
 


III

ROBERT LE DIABLE.

I

Au temps que l’on vivait dans une foi profonde,
En pleine Normandie, un enfant vint au monde ;
Rouen fut son berceau, Robert était son nom :
Mais, comme les Normands l’appelèrent le Diable,
Ci faut-il avant tout, en dire la raison,
Ce nom-là, mes enfants, étant épouvantable :
Alors, en la contrée un prince très-affable
Régnait avec honneur et craignant Dieu beaucoup,
Rendant justice à tous, aimant la chasse au loup ;
Et de ce grand Hubert les anciennes chroniques
Ont si bien célébré les vertus catholiques,