Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

sous le titre de Notice biographique sur Louis Lambert, et la dédicace datée de 1822-1832 ; puis il reparut, très-augmenté, chez le même éditeur en février 1833, en un petit volume in-18, intitulé : Histoire intellectuelle de Louis Lambert, avec cette épigraphe :

Au Génie, les Nuées du sanctuaire ; à Dieu seul, la Clarté.

LOUIS LAMBERT.

et cette note précédant l’ouvrage :

Quelques personnes ayant manifesté le désir d’avoir cet ouvrage en un volume séparé, le libraire s’est empressé d’obéir à ce vœu, qui a permis à l’auteur de rendre son œuvre moins incomplète.

Dans la seconde de ces éditions, tout le plan du Traité de la volonté est non-seulement très-augmenté, mais non moins modifié, et nous recueillons ici la première version de ce travail, placée autrefois après la ligne 28, page 37 :

Donc, suivant Lambert, la vie humaine consiste en deux mouvements distincts : l’Action et la Réaction.

Une de ses phrases expliquera ces deux principes, autant qu’il est possible de démontrer brièvement un système vaste :

— Un désir, disait-il, est un fait entièrement accompli par la pensée avant de l’être dans le monde extérieur.

La Volonté est le nom qu’il donnait à toute la masse de force par laquelle l’homme peut reproduire au dehors les faits accomplis déjà par l’Action.

Ainsi, l’ensemble de nos actes physiques, nos mouvements, la parole, tout ce qui est extérieur, constitue la Réaction.

Ces deux principes usent du même appareil, de l’homme entier ; ils résolvent par leur jeu, auquel Lambert rattachait tous les phénomènes du corps et de la pensée, le problème de notre double vie. Mais nos sens, ayant une double destination, possèdent également une double action, en prenant ici ce mot dans son usage ordinaire. Or la première de ces actions, participant de toute la supériorité de la pensée qui voit, veut et agit en nous avant toute démonstration corporelle, n’est soumise à aucune des conditions que subit l’action de nos sens extérieurs. En d’autres termes, l’être actionnel ou intérieur ne connaît ni le temps ni l’espace qui arrête l’être extérieur et visible sur lequel réagit la volonté du premier.

Cette théorie, que je tâche de rendre compréhensible, expliquait parfaitement, selon Louis Lambert, les phénomènes les plus merveilleux de notre merveilleuse nature, les évocations du génie, et celles si contestées des sorcières ; toutes lui semblaient être un effet de la faculté locomotrice qu’il avait reconnue dans l’être intérieur, un très-simple phénomène de l’Action.

Accordant aux idées une sorte d’existence, il prétendait que les hommes ne se trompaient pas en disant d’un style qu’il était coloré, nerveux, etc.