Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/202

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L’idée était, selon lui, le produit ; et la pensée, le moyen ; comme la Volonté était la force ; et la Volition, l’acte par lequel l’homme en usait. Donc, la pensée était le mouvement de l’être intérieur ; et les idées composaient les actes de sa vie, comme les actions, ceux de l’être extérieur. Un poëte était, pour lui, l’appareil habitué à courir à travers la nature pour s’y nourrir d’images, et Napoléon un appareil habitué à vouloir.

Il y avait encore après les mots « dès l’âge de quinze ans », ligne 18, page 48, l’énumération suivante, disparue aujourd’hui :

… affirmé le fait si étonnant de la faculté possédée par l’homme de projeter sa volonté ; puis d’avoir deviné la possibilité de cette séparation curieuse entre les deux natures dont, tôt ou tard, la science s’occupera ; enfin ; quand il n’aurait fait que proclamer la nécessité d’une analyse spéciale pour les phénomènes émanés de ces deux actions distinctes ; etc.

Enfin, dans ces deux éditions, presque tous les aphorismes de la fin sont différents au moins par la forme et nous les recueillons ici avec le petit commentaire qui les précède et qui a disparu aussi ; c’est mademoiselle de Villenoix qui répond :

— Je me souviens de quelques mots qu’il a dits récemment, reprit-elle.

Je les lui demandai par un regard qu’elle comprit, et voici tout ce que je recueillis, en aidant toutefois sa mémoire, car elle ne prêtait aux paroles de Louis que l’attention de la femme aimante et n’en soupçonnait ni le sens ni la portée.


La colère est un courant électrique. Sa commotion, quand il se dégage, agit sur les personnes présentes, quoiqu’il ne les concerne pas.

Le fanatisme et tous les sentiments collectifs sont des fleuves de volonté qui renversent tout.

Il se rencontre des hommes qui cohobent les sentiments des masses par une décharge de leur volition.

Les faits ne sont rien, ils n’existent pas, il n’y a que des idées.

De ton lit aux frontières du monde, il n’y a que deux pas : la Volonté — la Foi !

L’abstraction est le plus beau produit de la pensée. Elle est plus que la graine qui contient les fleurs, les odeurs, le feuillage et le système d’une plante ; elle peut enfermer toute une nature en germe. L’abstraction est la reine de l’âme.

Presque tout est un phénomène de la substance éthérée, base de l’électricité. C’est le grand principe des transformations d’une même matière…

L’intuition est une des facultés de l’être intérieur. Elle réagit par une imperceptible sensation ignorée de celui qui lui obéit : Napoléon s’en allant instinctivement de sa place avant qu’un boulet y arrive.