Oh ! pour ce dernier coup, arrivé en un clin d’œil, à cette culbute générale et instantanée, à ce bouleversement subit des idées et des individus, plusieurs crurent à la chute de la maison, entre autres les joueurs de bouillotte, et principalement le pauvre Anglais, qui articulait du langage national, autant que pouvait le lui permettre une énorme dame placée en travers sur la partie supérieure de son estomac.
Enfin il en fallut finir avec les douleurs et les gémissements, et, après un quart d’heure accordé à la mutuelle confidence des contusions reçues, quelqu’un s’avisa de demander la cause première de tant de vacarme ; mais personne ne put le dire, car M. Mahieux n’était plus là pour accuser l’Anglais ; il avait disparu avec le carrick de ce dernier, n’ayant jamais pu retrouver son petit habit.
Le roi y était ; le roi, sa famille, des princes, des ministres, des célébrités russes, anglaises, françaises, à n’en plus finir ! Coup d’œil somptueux, ravissant, éblouissant ! Des lumières, des lustres, des feux partout. L’or et la soie, les fleurs et puis les sons précipités, joyeux de la musique, électrisant les danseurs, enivrant les danseuses ; — les danseuses, dont le cou brille de sueur et de diamants, dont le sein bondit de désirs, dont l’œil noir luit de volupté ; les danseuses avec des fleurs sur leur tête, des fleurs à leur côté, blanches comme leurs robes, fraîches comme leurs bouquets ! — Oh ! quel bal ! quelle cohue ! quelle richesse !
Avez-vous pu — bravant coups de pied, de coude, de ventre, de dos, affrontant liquides, punch, glaces, sorbets suspendus sur votre tête comme jadis l’épée de Damoclès — avez-vous pu vous glisser jusque dans l’intérieur de la salle ? Oh ! alors, vous avez dû rire et rire aux larmes, car les dames riaient, le roi, tout le monde.
C’était lui, c’était M. Mahieux…
Ô grand petit être ! ô juron fait Christ ! ô génie tricorne comme le chapeau de l’homme à la tablature, sublime comme le Coran de Mahomet ! nul ne t’a compris, nul ne s’est inspiré à ton âme, car ton âme, c’est la poésie ; et qu’ils sont prosaïques, les malheureux ! Ils t’ont donné des formes vulgaires, ils t’ont vêtu de