Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

riale d’un coupé qui part au grand trot… Mahieux pousse des cris de détresse, des cris lugubres, les chevaux n’en galopent que plus vite… Au bout de vingt minutes, à cinq heures du matin, la voiture s’arrête dans une rue située près de la barrière d’Enfer.
3 février 1831.
VII.
DES POMPES ET DES CHEFS-D’ŒUVRE DE SATAN, TOURNÉS AU PROFIT
DE LA CHRÉTIENTÉ.

Adonc, le pape mort, sans que l’Église ait été malade, et le conclave se devant assembler, sans pour cela que l’Église en doive aller mieux, ce fut pour l’architecte du palais Quirinal affaire aussi importante de convenablement caserner le régiment catholique-apostolique-romain, que pour la statue de Pasquin de le harceler de ses méchantes plaisanteries condamnables d’impiété.

Or, ce étant, M. Valadier, chevalier et architecte, — car une profession n’empêche pas l’autre, — M. Valadier, aussi fort sur son histoire romaine que M. Villemain sur celle d’Angleterre, s’avisa de penser que, de toutes les restaurations, l’impériale n’était pas la plus médiocre, et que, somme toute, il pouvait trouver une réputation toute faite en appropriant aux nouvelles circonstances les localités préparées autrefois pour l’impératrice Marie-Louise et son fils, alors souverain de Rome sans conclave.

Mais M. Valadier, que son titre de chevalier élève de beaucoup, comme on le pense bien, au-dessus des capacités d’architectes ordinaires, s’aperçut, aux ornements mondains qui révélaient la destination première de ces lieux, de la difficulté qu’il éprouverait dans l’accomplissement de sa transfiguration architecturale. En ingénieur bon chrétien, il jugea prudent, pour le salut de son âme, de s’éclairer des lumières de quelque cardinal en odeur de sainteté, de celui, par exemple, que l’on suppose généralement devoir être élu.

Aussi, avant de parcourir avec l’Éminence les galeries profanes, M. le chevalier de l’ordre des architectes avait repassé quelques ouvrages moraux, tel celui de la Rochefoucauld sur les pantalons appliqués aux danseuses, et, fort de ses auteurs, il se proposait de faire des prodiges religieux et romains.

Quant au luxe, rien ne fut à redire, si ce n’est pour enrichir encore ces immenses salles, phénomènes de splendeur et de somptuosité. Mais, quand advint le chapitre de ces secrets de la vie privée, embellis chez les grands des charmes de la mollesse, des recherches de la volupté, l’architecte s’empourpra comme un pilastre de granit et commença son discours de réformes.

D’abord, il offrit de détruire ces mystérieux boudoirs, séjour de rêveries, à la lumière douteuse, à l’air parfumé et aux moelleuses ottomanes. Mais le cardinal l’en empêcha bien, prétendant qu’un futur pape aimait à se reposer tout comme monarque de Rome ou de France.

Et le chevalier s’inclina.