Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dus, je suppose, se réduisait à un, à deux, à trois, à quatre, selon ses facultés ; les autres s’enfouissaient sous des meubles, sous des cuviers, dans des tonneaux ; ou bien se faisaient incruster dans le mur, pour s’immobiliser et échapper ainsi à la capitation. Quand les agents du fisc se présentaient pour faire le recensement, ils étaient obligés de changer toutes leurs additions et de les réduire à zéro presque, et, d’ailleurs, il leur fallait entrer par la cheminée. Ils furent vexés.

De cette manière-là, le Chinois ne paya plus d’impôts, mais n’en resta pas moins respectueux pour l’ordre légal, bon citoyen et bon Chinois.

Et qu’arriva-t-il de cette impossibilité de percevoir des impôts ?

Je ne sais pas. J’en suis là de mes recherches ; quand je l’aurai trouvé, je vous en ferai part. En attendant, convenons d’une chose, c’est que, nous autres, nous sommes bien plus heureux que les Chinois. On ne voit pas encore de pareilles choses en France. — Croyez-vous ?

8 décembre 1831.
XXXIII.
QUELQUES ARTICLES DE LA LISTE CIVILE.

Il est des gens qui semblent faire métier de dépopulariser les trônes populaires. Il faut avoir du temps à perdre. C’est ainsi que, pendant longtemps, on a essayé d’insinuer parmi les contribuables que dix-huit millions étaient le taux indispensable du gouvernement au meilleur marché possible ; tandis qu’il est aujourd’hui certain, d’après la demande de ce gouvernement lui-même, que nous en serons quittes pour seulement la bagatelle de 17 millions 996,853 francs.

Dans ce revenu de la royauté bourgeoise, on remarque les articles suivants :

Service médical : 80,000 francs. — Voilà qui dément toutes les apparences et toutes les protestations de constitution solide. Une pareille acquisition de remèdes annonce un avenir bien malade.

Blanchissage : 160,000 francs. — C’est-à-dire près de 500 francs par jour. Ici l’on s’éloigne considérablement du système adopté par Napoléon, lequel ne consacrait à cet usage que 15,000 francs par an, et prétendait qu’on lavât son linge sale en famille.

Chauffage : 250,000 francs. — Sans savoir précisément de quel bois se chauffe le roi citoyen, on peut supposer qu’il entre beaucoup de fagots dans ce compte-là.

Cuisine : 780,000 francs. — Dans 780,000 francs, que de dîners à vingt-deux sous !

Cave : 120,000 francs. — Tout doit se trouver dans cette cave-là : eau à boire et bons pots-de-vin.

Palais de la couronne : 4,450,000 francs. — On ne peut que se réjouir de voir une pareille somme consacrée à l’encouragement des beaux-arts, à l’activité des fabriques, à l’acquisition des produits commerciaux. Cependant, à considérer l’économie qui préside à ce genre de dépenses, il paraîtrait malheureusement que le fossé des Tuileries en a enfoui une grande partie.