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voir les personnages de la Comédie humaine, je n’aperçus que des têtes insignifiantes, des galbes communs, des types ingrats, — une collection de médailles effacées.

En ce moment la toile se leva, les acteurs entrèrent en scène, et la grande comédie de M. de Balzac se déroula au milieu des rires et des applaudissements de la foule.

Donc, j’avais rêvé ; et, si j’avais rêvé, c’est que je m’étais endormi. Mais pourquoi ce sommeil ? quelle cause l’avait provoqué ? L’orage qui grondait dans le ciel ? l’étouffante chaleur qui régnait dans la salle ? ou le vaudeville de M. Trois-Étoiles, qui commença le spectacle ?

Peut-être bien ces trois causes réunies.

albéric second.

XIII. Sur les œuvres de Balzac, par Armand Baschet. Le Mousquetaire, 17 mars 1854.

XIV. Sur les œuvres de Balzac, par Philibert Audebrand. Le Mousquetaire, 10 juillet 1854.

XV. M. de Balzac, par J. de P. La France centrale (de Blois), du 4 mars 1855. Cet article curieux, que nous allons reproduire, est de M. Jules de Pétigny, qui habitait le château de Clénor, près de Blois ; il était membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et archéologue des plus distingués.

Balzac et moi, nous détestions cordialement les cartes. Ce fut la première sympathie qui nous rapprocha. Nous sentions vivement le besoin d’échanger des idées, de verser en dehors le trop plein de nos jeunes imaginations, et chacun de nous était heureux de trouver un auditeur qui pût l’écouter et le comprendre. Aussi, que de ruses, que de stratagèmes pour conserver la liberté de nos causeries ! Tantôt nous nous cachions dans une embrasure de fenêtre sous une double enceinte de rideaux, tantôt nous placions devant nous comme un rempart le dos d’un énorme canapé. Mais ces précautions ne suffisaient pas toujours pour nous dérober au regard inquisiteur de la maîtresse de la maison ; si nous avions le malheur d’être aperçus, nous ne tardions pas à voir s’allonger devant nous deux mains blanches et décharnées tendant à chacun une carte, et nous étions traînés vers une table de jeu avec les mines humbles et déconfites de deux collégiens surpris en flagrant délit d’école buissonnière.

Cependant il est juste de dire que ces catastrophes étaient rares ; habituellement nous réussissions à nous faire oublier, et les heures coulaient vite dans nos interminables conversations. Balzac y déployait tous les trésors de sa verve, tout cet océan d’idées qui bouillonnait déjà dans sa tête, et que sa féconde imagination a répandu depuis dans cent volumes. Plus tard, lorsque j’ai lu ses ouvrages, j’ai éprouvé un plaisir tout personnel à y reconnaître nos entretiens dramatisés, à y retrouver les sentiments et les impressions de sa jeunesse qu’il