Aller au contenu

Page:Balzac Le Père Goriot 1910.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’y cause une toilette soignée. Personne n’y met un habit neuf sans que chacun dise son mot.

— Kt kt kt kt ! fit Bianchon en faisant claquer sa langue contre son palais, comme pour exciter un cheval.

— Tournure de duc et pair ! dit madame Vauquer.

— Monsieur va en conquête ? fit observer mademoiselle Michonneau.

— Koqueriko ! cria le peintre.

— Mes compliments à madame votre épouse, dit l’employé au Muséum.

— Monsieur a une épouse ? demanda Poiret.

— Une épouse à compartiments, qui va sur l’eau, garantie bon teint, dans les prix de vingt-cinq à quarante, dessins à carreaux du dernier goût, susceptible de se laver, d’un joli porter, moitié fil, moitié coton, moitié laine, guérissant le mal de dents, et autres maladies approuvées par l’Académie royale de médecine ! excellente d’ailleurs pour les enfants ! meilleure encore contre les maux de tête, les plénitudes et autres maladies de l’œsophage, des yeux et des oreilles, cria Vautrin avec la volubilité comique et l’accentuation d’un opérateur. « Mais combien cette merveille, me direz-vous, messieurs ? deux sous ? » Non. Rien du tout. C’est un reste des fournitures faites au Grand Mongol, et que tous les souverains de l’Europe, y compris le grrrrrrand-duc de Bade, ont voulu voir ! Entrez droit devant vous ! et passez au petit bureau. Allez, la musique ! Brooum, la la, trinn ! la, la, boum, boum ! — Monsieur de la clarinette, tu joues faux, reprit-il d’une voix enrouée, je te donnerai sur les doigts.

— Mon Dieu ! que cet homme-là est agréable, dit ma-