Et qu’enfin, sans savoir si la flèche les mord,
Ils soient prêts aux revers, au triomphe, à la mort.
Deviné par les flots d’hommes que tu diriges,
Ose vouloir, alors d’eux-mêmes, les prodiges
Qui t’effrayent, jetant des ombres sur ton front,
S’en iront en fumée et s’évanouiront.
Cet affranchissement, que ton cœur le savoure,
Mon Roi, car l’homme peut, à force de bravoure,
Dompter les Dieux jaloux et même le Destin,
Bâtissant dans la nuit son projet clandestin.
Tu dis bien, ma Rhodope, et ta sage parole
Dissipe mon ennui funeste, qui s’envole.
N’est-ce pas, lutter, c’est le point essentiel,
Ésope ?
Rien n’est fermé là-haut pour notre esprit agile.
Quand les Dieux ont pétri l’Homme, avec de l’argile
Qui pense, ils ont dit à ce roi : Nous t’avons fait
Libre ; marche sans peur, et sois libre, en effet.
L’horreur des éléments, la foudre, la tempête,
Font peur aux animaux, en grondant sur leur tête ;
Le lion, ignorant même son propre nom,
Est épouvanté par les éclairs ; l’homme, non.
Superbe, il vient à bout de toutes les épreuves,
Brise les rocs géants, détourne l’eau des fleuves,
Brave la mer, détruit les monstres sur ses pas, —
Et tout lui reste, s’il ne s’abandonne pas !
Non, Cyrus ne m’a pas vaincu. Mais quoi ! lors même
Que la Défaite affreuse et triste, au regard blême,