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Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/139

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le sang de la coupe

On dit : Que reste-t-il à toutes les victimes
Qui, malgré cet espoir résigné du chrétien,
Sous leurs pieds frémissants ne voient que des abîmes,
Enfin, que reste-t-il à ceux qui n’ont plus rien ?

Ô bons cœurs, il leur reste encore un héritage
Dont aucun d’eux ne peut être déshérité,
Et qu’ils possèdent tous entier et sans partage,
Ce trésor infini, c’est votre Charité !

C’est elle, Ange penché partout où crie un gouffre,
Amour inépuisable entre tous les amours,
Qui de sa lèvre en fleur baise tout ce qui souffre :
Elle est le bien du pauvre, et ce soir et toujours !

Et maintenant, amis, vous que nous implorâmes !
(Quel que soit devant vous mon invincible émoi,
Je ne tremblerai pas, car je parle à vos âmes,)
Pour les pauvres encor merci, merci pour moi !

L’humble artiste après eux bénit votre indulgence,
Car vous avez voulu qu’en ses nobles chemins
Votre or sanctifié, qui cherchait l’indigence,
Pour arriver au but ait passé par ses mains !


Décembre 1853.