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Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/161

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le sang de la coupe

Des rameaux verdoyants jaillirent avec force
Et leur sein virginal s’environna d’écorce.

Hermès.

Déesses, pressez vos coursiers !
Comme la flamme des trépieds
Que le vent torde leur crinière !
Laissez fuir vos chars de lumière !
Qu’ils soient comme les feux ardents,
Frères des foudres vengeresses !
Pressez vos coursiers, ô Déesses ;
Comme la flamme aux mille dents
Laissez fuir vos chars éclatants !

Le Chœur.

D’une goutte de lait un chœur dansant d’étoiles
Est-il sorti superbe et la couronne au front,
Comme lorsque Hèra, secouant ses grands voiles,
Argenta ce chemin que tous les Dieux suivront,
Et fit, en épanchant ses mamelles sacrées,
Des mers de diamant dans les mers azurées ?
On dirait que les Dieux, retirés dans leurs camps,
Se sont fait un rempart avec mille volcans.
Pourtant sur leurs autels ceints de fleurs et de lierre,
Le sang versé ruisselle avec des vers pieux.
Quelle clarté nouvelle illumine les cieux
Fulgurants, et nous force à baisser la paupière ?