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le sang de la coupe


III

Les Nymphes et les Naïades du fleuve entourent Pâris endormi sur le mont Ida.

Chœur des Nymphes et des Naïades.

Sommeille, ô bel enfant, et que le dieu voilé
Égare tes yeux bleus dans un rêve étoilé !
Vêtu d’un sombre azur, comme le ciel nocturne,
Qu’il verse autour de toi les trésors de son urne,
Et te fasse entrevoir sur ces coteaux penchants
L’Olympe, débordé de lumière et de chants.
Sommeille ! pour sourire à ta beauté fatale,
J’ai quitté les fraîcheurs de mon onde natale,
Et renoncé, tandis que le jour brille encor,
À tresser mes cheveux pareils au sable d’or.
Car la Nymphe du fleuve et des grottes profondes
T’aime avant les grands bois et la fraîcheur des ondes.