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histoire de la ballade

Vérard, en 1493[1], en donne les règles précises qui n’ont pas varié depuis. Ces règles sont les mêmes que nous avons rappelées tout à l’heure, pour les faire appliquer au pédant Vadius. Pourtant le précepteur du xve siècle est autrement explicite et autrement minutieux que nous ne l’avons été. Il reconnaît d’abord trois espèces ou trois variétés de Ballades, Ballade commune, Ballade balladante et Ballade fratrisée. De ces trois variétés la Ballade commune est le type. C’est par celle-là qu’il commence, et c’est sous ce nom qu’il développe les règles compliquées qu’une monographie ne saurait se dispenser de citer, au moins en résumé :

« Ballade commune doict avoir refrain et trois couplets et Envoy de Prince, duquel refrain se tire toute la substance de la Ballade… Et doit chacun couplet par rigueur d’examen avoir autant de lignes que le refrain contient de syllabes. Si le refrain a huit syllabes, la Ballade doit être formée de vers huictains. Si le refrain a neuf syllabes, les couplets seront de neuf lignes, etc. » Ce n’est pas tout : de même que l’étendue du refrain gouverne l’étendue de la strophe, de même le plus ou moins de longueur de la strophe régit et modifie la correspondance et l’entrelacement des rimes : dans la strophe de huit

  1. L’Art et Science de Rhétorique pour faire Rigmes et Ballades. Paris, imp. par Antoine Vérard, in-4o gothique. Réimprimé par Crapelet en 1832.