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histoire de la ballade

joindre au siècle suivant Clément Marot, et plus tard Voiture, Sarrazin et La Fontaine.

Henri de Croï, il est vrai, ne dit rien de l’origine de la Ballade, et n’en nomme point l’inventeur. Mais en ces temps anciens, on le sait, il n’y a point d’inventeurs ; le poëte et l’artiste s’appelaient multitude. Poëmes et cathédrales étaient l’œuvre de tous et du temps.

L’opinion commune des érudits[1] est que ces anciens rhythmes français, Sonnet, Rondeau, Ballade, etc., ont été mesurés, calqués sur des airs notés, airs à chanter ou à danser. Sonnets, rondes, ballets ont effectivement le même sens, de chant ou de danse. Il y a eu là quelque chose d’analogue au système poétique des Grecs et des Arabes, dont les rhythmes poétiques se ramènent tous à un certain nombre de types et de patrons, de « timbres », comme auraient dit les anciens vaudevillistes du Caveau.

C’est au reste le sentiment exprimé par Estienne Pasquier, dans ses Recherches, à propos du Sonnet, mot que les Italiens, dit-il, ont repris de notre ancien estoc : — « Ode grec et Sonnet italien ne signifient autre chose que chanson. »

  1. En particulier celle de M. Anatole de Montaiglon, un des jeunes savants qui ont pénétré le plus profondément dans l’étude de notre ancienne poésie française, et dont les conseils nous ont été précieux dans le cours de ce petit travail.