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histoire de la ballade

Qui le croirait ? Le xvie siècle, ce siècle artiste par excellence et le grand siècle de la poésie lyrique en France, méconnut la Ballade, ou plutôt la sacrifia. Ce fut sa première perte du Rhône.

Les poëtes d’alors, enthousiastes de l’antiquité retrouvée, modelèrent leurs œuvres sur les mètres d’Horace, d’Anacréon et de Sappho. Ce fut le triomphe de l’Ode et de l’Odelette, de l’Élégie, de l’Épître et même du Poëme Épique.

Les vieux genres français furent repoussés comme gothiques ; le Sonnet seul trouva grâce, à titre d’importation étrangère et par la protection de Du Bellay.

Vauquelin de la Fresnaye sonne le glas dans son Art poétique :

De ces vieux Chants Royaux décharge le fardeau ;
Ôte-moi la Ballade, ôte-moi le Rondeau !
Que ta Muse jamais ne soit embesognée
Qu’aux vers dont la façon à toi s’est enseignée …

Qu’entendait-il cependant par cet enseignement spontané ?

C’est, à la violence près, l’arrêt plus tard édicté par Des Préaux dans son code. Ce fut l’épitaphe après la sonnerie funèbre.

Dans l’intervalle cependant la Ballade avait rejailli avec éclat, à l’hôtel de Rambouillet, cette académie de grâce, d’esprit et de fin langage. Les Ballades de