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ballades joyeuses

VII

Ballade
à la gloire du Lys

Muse au front d’or, farouche Aganippide,
Je chanterai le Lys, aux Dieux pareil,
Le Lys charmant, le Lys au cœur splendide.
Dès qu’il fleurit, la Nature en éveil,
Comme à son roi, lui demande conseil.
Couche de nacre où s’éveille l’Aurore,
Noble palais que bat la mer sonore,
Blanc coudrier qui sait plaire à Phyllis,
Pommier en fleur qui de rayons se dore,
Rien n’est pareil à la gloire d’un Lys.

La nuit, au bord de la source limpide,
Le Lys s’endort d’un superbe sommeil,
Près du flot bleu qui doucement se ride.
Tel, en songeant, dort sous un dais vermeil
Un roi d’Asie en son riche appareil.