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trente-six

Neige étendue aux rives du Bosphore,
Clair vêtement qu’un sein aigu colore,
Temple de Tyr ou d’Héliopolis,
Lotus divin dont le flot se décore,
Rien n’est pareil à la gloire d’un Lys.

Tel, ô guerrière, ô blanche Tyndaride,
Le sable est fier de baiser ton orteil,
Le Lys joyeux, riant, de pleurs humide,
Se dresse, orgueil du monde, à son réveil,
Et resplendit dans l’éclair du soleil.
Perle gisant dans l’or du sable more.
Urne que tient la svelte choéphore,
Marbre vivant ciselé par Scyllis,
Nymphe au beau sein compagne du centaure,
Rien n’est pareil à la gloire d’un Lys.

Envoi.

Lys exalté, grande fleur, je t’adore.
Cygne rêvant, contour pur de l’amphore,
Nuit d’argent, voile éthéré des willis.
Col de Vénus, pieds nus de Terpsichore,
Rien n’est pareil à la gloire d’un Lys.


Juin 1861.