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ballades joyeuses

XII

Ballade
de Banville aux Enfants perdus

Je le sais bien que Cythère est en deuil !
Que son jardin, souffleté par l’orage,
Ô mes amis, n’est plus qu’un sombre écueil
Agonisant sous le soleil sauvage.
La solitude habite son rivage.
Qu’importe ! allons vers les pays fictifs !
Cherchons la plage où nos désirs oisifs
S’abreuveront dans le sacré mystère
Fait pour un chœur d’esprits contemplatifs :
Embarquons-nous pour la belle Cythère.

La grande mer sera notre cercueil ;
Nous servirons de proie au noir naufrage.
Le feu du ciel punira notre orgueil
Et l’aquilon nous garde son outrage.
Qu’importe ! allons vers le clair paysage !