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ballades joyeuses

XIX

Ballade
pour une Guerrière de marbre

Toi qu’au beau temps appelé Renaissance
Un statuaire, habile ciseleur,
En ce château fit par réminiscence
Des anciens Grecs, vierge à la lèvre en fleur,
Vois le soleil qui baise ta pâleur.
Puisque son œil amoureux te festoie,
Que devant lui ta chevelure ondoie !
Montre ton corps superbe au fier dessin,
Et, sous le vent caressant qui tournoie,
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.

Ah ! la splendeur de ton adolescence
Et ton regard terrible et cajoleur
Éveilleront par leur seule puissance
Le geai folâtre et le merle siffleur
Et tout le gai renouveau querelleur.