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trente-six

Car, pour revivre, il suffit qu’on te voie !
Dans le feuillage adouci qui verdoie
Et de qui l’ombre emplit le clair bassin,
Que ta blancheur sous les rayons chatoie !
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.

Fais resplendir en leur magnificence,
Pour cet Avril ruisselant de chaleur,
Tes charmes nus, dont la sainte innocence
Fait oublier le crime et la douleur.
Malgré le doux printemps ensorceleur,
Notre âge affreux sous la tristesse ploie ;
Cette Euménide a fait de lui sa proie,
Il est malade, il veut un médecin.
Ah ! pour guérir le mal qui le foudroie,
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.

Envoi.

Reine, prodigue à l’astre qui flamboie
Ce sein aigu qui brilla devant Troie !
Quoi qu’en ait dit notre siècle malsain,
Rien ici-bas n’est divin, que la joie :
Souris, Guerrière, et fais voir ton beau sein.


À la Villa, avril 1869.