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ballades joyeuses

XXXI

Ballade à sa Mère
Madame Élisabeth Zélie de Banville

Toujours charmé par la douceur des vers,
Ne pense pas que je m’en rassasie.
Même à cette heure, en dépit des hivers,
J’ai sur la lèvre un parfum d’ambroisie.
Né pour le rhythme et pour la poésie,
Dans nos pays, où, tenant son fuseau,
Le long des prés où chante un gai ruisseau
Va la bergère au gré de son caprice,
Je surprenais les soupirs du roseau,
Tu le sais, toi, ma mère et ma nourrice.

Tout a son prix ; mais hors les lauriers verts,
Je puis encor tout voir sans jalousie,
Car chanter juste en des mètres divers
Serait ma loi, si je l’avais choisie.
Quand m’emporta la sainte frénésie,