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LE BAISER



Les acteurs : Urgèle, Pierrot. La scène est dans les bois de Viroflay. De nos jours. Le théâtre représente un coin de forêt mystérieux et romantique, où débordent et ruissellent des folies de verdure. Des arbres très vieux, énormes, et çà et là des bosquets d’arbustes. À gauche du spectateur, le tronc d’un chêne, renversé et envahi par la mousse, affecte, par un bizarre artifice de la nature capricieuse, l’aspect d’un lit de repos. Le ciel est embrasé par l’aurore ; le soleil se lève lentement.
Entre Urgèle, cassée, tordue, vêtue d’une grossière cape brune, raccommodée avec des pièces. Ses cheveux tombent sur sa poitrine, en longues mèches, droites et très blanches. Elle a cent ans, comme Guanhumara.


Urgèle.

Oh ! cet enchantement fut assez long. Que n’est-ce
Fini ? Pour retrouver la grâce et la jeunesse,