Ce qu’il me faut, hélas ! je pleure en y pensant,
C’est le premier baiser d’un jeune être innocent,
Qui jamais, avant moi, n’ait embrassé personne.
Pour rompre maintenant le charme, oh ! j’en frissonne.
Il ne me reste plus qu’une heure, et mon effroi
S’augmente. Le sauveur que j’attends, est-ce toi,
Pierrot ? — À la blancheur nette qui le décore,
Je crois que dans son cœur le lys fleurit encore.
Mais d’abord, cachons-nous. Il vient, lui, mon dernier
Espoir. Allons.
Une galette, plus un vin fait pour les reines,
Avec les noirs raisins des coteaux de Suresnes.
Il est comme je l’aime et comme je le bois.
Je vais faire une orgie énorme dans ce bois.
Mais boire seul, voilà des passe-temps sévères,
Et j’ai même apporté fort sagement deux verres.
Me régaler sans un ami serait hideux,
Certes.
Rassure-toi, Pierrot, nous serons deux.