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le baiser

Pierrot.

Je vous savourerai, vin rose, et toi, galette,
Aux parfums des muguets et de la violette !

Urgèle, de même.

Bon.

Pierrot.

Bon. Mais auparavant, de crainte des voleurs,
Montrons de la prudence, et cachons ces valeurs
Sous quelque roche, par le tonnerre éventrée.

Il sort. Urgèle entre sur la scène.
Urgèle.

Va, Pierrot. Moi, je vais préparer mon entrée.

Urgèle sort. Pierrot revient ; il n’a plus son panier.
Pierrot.

C’est fait. J’ai trouvé même un endroit fort mignon.
Maintenant, que le ciel m’envoie un compagnon,
Quel qu’il soit, blond ou brun, ou quelconque, homme ou femme,
Cet être que j’attends rentre dans mon programme,
À cette heure sereine et douce où l’aube naît,
Et je boirais avec le diable, s’il venait.

Après avoir regardé à droite du spectateur, dans la coulisse.

Mais que vois-je ? Quelle est cette personne mûre,
Là, sur la pente roide où le ruisseau murmure ?