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le baiser

Nul usage. D’abord, ô ma petite perle !
Notre notaire, si tu veux, sera ce merle
Qui par là se promène, avec son habit noir.
Les témoins, — car il faut sans nul doute en avoir,
Seront ces bouleaux clairs aux fines dentelures
Dont le vent du matin peigne les chevelures.

Urgèle.

Nos parents ?

Pierrot.

Nos parents ? Ce seront ces chênes très anciens
Vêtus de mousse.

Urgèle.

Vêtus de mousse. Bon. Mais les musiciens ?
Il en faut pour le bal. Je n’en vois pas.

Pierrot.

Il en faut pour le bal. Je n’en vois pas. Mais, ange !
Nous les avons. C’est la fauvette et la mésange,
Et, lorsque tombera la nuit, les rossignols,
Qui nous diront des airs, tant français qu’espagnols.
Nous danserons tous deux, ravis, contents d’être aises ;
Pour faire le festin, nous cueillerons des fraises.
Et le maire sera, bonhomme essentiel,
Un nuage, ayant pour écharpe l’arc-en-ciel !
Puis le Soleil aussi viendra sur son carrosse ;
Il ne nous manque rien pour célébrer la noce.