Aller au contenu

Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
295
le baiser

Urgèle.

Il faut donc me résoudre à tout ce que tu veux.

Pierrot.

Beaucoup. Laisse mon souffle errer dans tes cheveux.

Urgèle.

Mais quoi donc ! Aussitôt prise, aussitôt…

Pierrot, tombant aux pieds d’Urgèle.

Mais quoi donc ! Aussitôt prise, aussitôt… C’est l’heure.
La douce brise, comme une aile, nous effleure.
L’oubli mystérieux a pris nos jours défunts.
Ta bouche est une rose et je bois ses parfums.
Je tiens ta douce main, je pleure, je soupire.
Dans le printemps vermeil c’est toi que je respire.
Je contemple tes yeux, je suis à tes genoux,
Je t’adore.

Urgèle, tendrement.

Je t’adore. Est-ce vrai, Pierrot ?

Pierrot.

Je t’adore. Est-ce vrai, Pierrot ? Marions-nous !
Une tradition puissante nous précède,
Et nous n’en aurons pas eu l’étrenne.

Urgèle, à bout de raisons.

Et nous n’en aurons pas eu l’étrenne. Je cède.